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Mark Lombardi, artiste heuristicien

mardi 13 janvier 2004, par Claude Aschenbrenner , Pierre Mongin

Ou comment, à partir d’informations publiques (presse principalement), un artiste a réalisé des tableaux représentants d’énormes diagrammes reliant différentes personnes entre elles, qu’il appelle des structures narratives.

Dans un article du Courrier international daté du 24 décembre 2003 figure un article passionnant sur Mark Lombardi, « l’homme qui dessinait les réseaux ».

« De loin on dirait des nuages. De près, les tableaux de Mark Lombardi sont de gigantesques diagrammes retraçant les principaux scandales politico-financiers des dernières années ».

Une de ses œuvres majeures sur le scandale de la banque BCCI, exposée au Whitney Museum de New York, a fait l’objet d’une attention soutenue par le FBI au lendemain du 11 septembre. Ce tableau terminé en 2000 permet, dans une petite partie du vaste diagramme, de voir les réseaux de noms, de banques, d’institutions qui liaient les noms de la famille Bush à ceux de la famille saoudienne des Ben Laden via un certain R. Bath, homme d’affaire texan.

Le journaliste précise qu’il « n’était pas détective (ni professionnel ni amateur), il n’avait accès à aucune information confidentielle. Il était simplement un monsieur qui achetait les journaux, les lisait et les annotait ». Il avait accumulé ainsi plus de 14 500 fiches qu’il savait faire parler en cartographiant ces réseaux. Il a ainsi constitué une œuvre abondante. Il s’est suicidé en mars 2000.

Nous vous invitons à vous intéresser à cet artiste qui pourrait bien être considéré dans les années à venir comme l’un des maîtres de l’IE [1] et de la mise en scène de l’information.

Voici comment Mark Lombardi lui-même expliquait sa méthode dont chacun pourra s’inspirer :

"Après avoir passé soigneusement en revue la somme d’informations, je condense alors les points essentiels en un assortiment de notation et brèves remarques ponctuelles d’où commence à émerger une image. Tout au long du processus, mon intention est d’interpréter les faits en juxtaposant et regroupant les notations en ensemble unifié et cohérent.

Parfois, j’utilise plusieurs lignes parallèles pour établir une chronologie. Les relations hiérarchiques, les flux monétaires et autres détails-clés sont ensuite indiqués par un systéme de fléchage rayonnant, de lignes brisées, etc.

Certains dessins présentent deux niveaux d’informations distincts : l’un rédigé en noir, l’autre en rouge. En noir figurent les principaux éléments de l’histoire, tandis que les procès déterminants, les mises en examen ou autre action légale intentées entre les parties apparaissent en rouge. [2]

À noter que des tableaux (des cartes...) de Lombardi ont été exposés en été 2003 au palais de Tokyo à Paris, lors de l’exposition GNS Art contemporain et investigations géographiques.

Ressources complémentaires en ligne


[1Intelligence Économique.

[2Catalogue exposition GNS, Éditions Cercles d’Art, Paris, 2003, page 141.