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Retour d’expérience

Le matériel de Denis

mercredi 20 juin 2012, par Denis Rebaud

De même qu’un bon maçon doit avoir de bons outils, un bon cartographe doit disposer d’outils à sa main pour travailler dans les meilleures conditions possibles, que ce soit seul ou en groupe, par exemple lors d’entretiens ou de réunions.

Voici les outils que j’utilise pour la réalisation de cartes heuristiques au format A4 et A3.

 Le support papier

J’utilise différents supports en fonction des occasions et de la finalité de la carte.

Si je veux... J’utilise...
noter des idées à l’improviste (discussion au restaurant...) un calepin Moleskine. Celui-ci m’accompagne partout, car je peux le glisser facilement dans une poche de veste [1]. C’est mieux qu’un carnet à spirales A6 au niveau de la surface disponible pour dessiner une carte et cela abime moins les poches de veste.
prendre des notes pour les mettre au propre avec un logiciel de cartographie heuristique une simple feuille de papier A4, souvent du papier déjà utilisé sur un côté, car elle me sert juste de brouillon et finira dans 99% des cas au « vieux papier » [2].
cartographier une conférence des feuilles provenant d’un cahier à dessin 24x32cm 125g/m2 dont j’ai ôté les agrafes centrales. Ouvertes, ces feuilles offrent une superbe surface de travail plus grande que du A3. C’est l’idéal pour noter jusque dans le moindre détail les informations intéressantes [3]. Seul inconvénient, il faut un scanner A3 pour le numériser (ce qui est mon cas) si je veux garder une trace sur mon ordinateur.

Au début, j’ai utilisé un carnet de croquis à spirales au format A4 (Canson ou autre fournisseur) pour deux raisons :

  • Cela évite les feuilles volantes qui risquent de se perdre tôt ou tard ;
  • Il faut moins de dix secondes pour retrouver n’importe quelle information contenue dans chaque carnet grâce à un sommaire dessiné sous forme de carte heuristique sur la première page (merci à Jean-Luc pour cette astuce).

Malheureusement, au vu de la quantité de cartes que je produis, j’ai renoncé à ces carnets que j’utilise désormais comme exemples dans mes formations et je me sers maintenant plutôt de feuilles volantes, car c’est plus facile à répartir dans mes dossiers (un par projet ou client). De plus, je n’ai plus besoin d’avoir à portée de main un carnet ; je me peux me dépanner avec du papier pour photocopieuse disponible facilement.

Autre paramètre qui influence le choix du papier : l’instrument d’écriture et de coloriage utilisés :

  • papier à gros grain pour des crayons de couleur, afin que les pigments accrochent bien à la surface pour produire des couleurs intenses dès la première application ;
  • papier lisse pour des feutres, car ils glissent mieux dessus.

Dans la mesure du possible, j’opte pour du papier épais, car ce n’est pas du tout la même sensation au niveau de l’écriture ou du coloriage. Or, le plaisir est un facteur non négligeable si l’on veut être créatif ou capable de mémoriser le contenu de la carte. De même, le confort est important pour rester attentif aux propos de quelqu’un lors d’un entretien. Difficile en effet de rester concentré lorsqu’on éprouve des difficultés à écrire : stylo bouché, fuite d’encre...

Les personnes soucieuse de préserver notre environnement me reprocheront sans doute de « gaspiller » du papier, mais qu’est-ce qui est le plus économique : réfléchir « bien » du premier coup sur du papier épais pour ensuite produire un document écrit parfaitement structuré qui ne sera imprimé qu’une seule fois ou imprimer un texte mal pensé pour le relire et le corriger plusieurs fois ?

Une dernière recommandation : attention à la couleur du papier si vous envisagez de numériser vos cartes : certains carnets peuvent être blanc cassé selon la marque.

 Les instruments d’écriture

J’adore écrire avec un stylo à plume calligraphique, genre Art Pen Calligraphy de Rotring. Mon préféré est un stylo Pilot Plumix, dont la prise en main triangulaire particulièrement ergonomique me permet une liberté d’écriture incroyable, même pour un gaucher comme moi [4].

La plume m’est très utile pour réfléchir posément ou varier mon style d’écriture : pendant que je prend plaisir à coucher chaque mot-clé sur papier, je laisse mon esprit vagabonder et rebondir sur tout ce qui est associé à ce mot-clé : le moment d’une réunion qui s’y rapporte, etc. Ce n’est donc pas du temps de perdu, mais un moment de réflexion irremplaçable que je prolonge ensuite en coloriant la carte (cf. infra).

Un exemple d’écriture à la plume

C’est pourquoi j’utilise plutôt dans ce cas-là un un Pilot Frixion noir [5]. Celui-ci a l’avantage d’autoriser les corrections multiples [6]. C’est même mon outil favori pour la prise de notes en réunion, car je peux facilement faire des corrections et conserver ainsi une carte propre qui facilite la synthèse à chaud en fin de réunion.

Feutre Pentel Tradio TRJ 74

J’évite les feutres Tempo, dont la pointe est trop grosse, ainsi que les feutres à pointe ultra-fine, pas toujours lisibles quand on écrit très vite. Je leur préfère le Pentel Tradio en remplacement de mon stylo à plume en fonction des circonstances. Le mieux est de faire ses propres tests pour déterminer le meilleur outil à sa main : l’écriture doit être très rapide et la plus agréable possible (surtout si vous faites des cartes lors de réunions ou d’entretiens). Les stylos à encre gel, apparus récemment sur le marché, sont particulièrement agréables au niveau de la glisse sur le papier.

En résumé, j’utilise plusieurs outils, parfois différents pour un même usage (prise de notes en réunion, réflexion, support de cours...), suivant l’humeur du moment. L’un de mes stagiaires, responsable d’un bureau d’étude, m’a confirmé l’utilité de ces changements : quand il a besoin de réfléchir sur un projet, il change volontairement d’outil d’écriture, car ce dernier a une réel influence sur sa façon de pensée et l’aide ainsi à voir le projet différemment.

 Illustrations

J’utilise un Pocket Brush de Pentel pour mes dessins. Extérieurement, cela ressemble à un vulgaire feutre à écrire, mais quand on l’ouvre, c’est en fait un pinceau calligraphique avec une pointe si fine qu’il est possible de tracer des traits de l’épaisseur d’un cheveu. J’aime bien son rendu, car je peux moduler la largeur du trait simplement en jouant sur la force d’appui, ce qui donne tout de suite une autre allure au dessin, même en n’étant pas un pro.

 Mise en couleur

Je travaille le plus souvent avec des crayons de couleur pour enrichir mes cartes de petite taille (A4/A3). Ceux que j’ai employés au début étaient des Evolution Triangle, dotés d’une grosse mine (ils sont conçus pour des enfants), très agréables à tenir en main grâce à leur forme triangulaire. Par contre, la gamme de couleurs est limitée et les couleurs moins éclatantes que d’autres crayons.

J’ai ensuite opté pour des Triocolor de Koh-I-Noor, un fabricant Tchèque. Ils sont chers (31 € la boîte de 24 en 2005) et pas faciles à trouver [7], mais c’est le top. Moins gras que les superbes Caran d’Ache, mais qui laissent plein de poussières de mine sur le papier, plus tendres que les Evolution Triangle déjà mentionnés, ils sont parfaits pour colorier d’un seul trait chaque branche et leur tenue en main est irréprochable grâce à une section triangulaire comme les Evolution Triangle.

Plus récemment, j’ai trouvé des crayons Fantasia Jumbo [8], quasi identiques aux Triocolor et ce, pour un coût dérisoire chez un hard discounter (2 ou 3 € la boîte). Malheureusement, ces crayons étaient vendus dans le cadre d’une offre promotionnelle ponctuelle et ne sont donc plus disponibles. Heureusement, j’ai retrouvé à peu près la même qualité de coloriage avec les crayons Ferby fabriqué par Lyra®. Il s’agit de crayons courts (environ 12 cm), mais dotés d’une mine très grosse (6,25 mm) assurant une bonne longévité sous une forme compacte, pratique pour dessiner les branches avec un minimum de passages, et surtout tendre à souhait.

Gros avantage : ils sont faciles à trouver, puisqu’on peut les acheter par boîte de 12 crayons assortis ou à l’unité [9], ce qui permet de remplacer plus facilement les couleurs qui s’usent vite.

J’ai aussi essayé :

  • les crayons Crayola qu’utilise Frédéric Le Bihan. Ils sont aussi très agréables à manier. Petit plus, chacun d’eux est identifié par un nom de couleur sur son corps, ce qui est bien pratique ;
  • les Jumbo Grip de Faber-Castell. Ils sont plus gras que les Conté, ce qui donne des superbes effets de grain suivant le papier utilisé (ou d’aquarelle si on mouille la couleur avec un pinceau humide).

Bref, vous aurez compris que les crayons de couleur, c’est comme les pralines au chocolat : il faut en goûter plusieurs pour savoir choisir ceux qu’on préfère. Leur point commun est la dureté de la mine : plus ils sont gras, plus j’ai plaisir à travailler avec eux.

Et les feutres ? Je les évite pour deux raisons :

  • ils bavent lorsqu’on repasse sur le texte écrit au feutre ;
  • les effets obtenus sont moins riches qu’avec les crayons.

Cependant, cela ne m’empêche pas de les utiliser quand je recherche des couleurs intenses ou souhaite diversifier le rendu de mes cartes. Dans ce cas, les feutres Pinsocolor de Reynolds ont ma préférence pour leur agréable sensation en main, proche de celle d’un pinceau (plus vous appuyez, plus le trait est épais). J’aime bien également le feutre-pinceau Tombow n°530 qui me sert à appliquer un léger filet gris sous les branches principales pour donner une impression de relief ou d’ombrage. Ce n’est pas indispensable, mais je prend beaucoup de plaisir à faire ça, pour renforcer le pouvoir émotionnel de chacune de mes cartes. Avec les crayons de couleur, je prends plutôt un crayon à mine de graphite 2B pour obtenir le même effet.

 Conservation des cartes

Pour éviter que mes cartes réalisées avec des crayons de couleur ne s’abiment dans le temps, je les protège en pulvérisant sur chacune d’elles un fixatif pour crayons, fusains et pastels. Il paraît que la laque pour cheveux est équivalente au fixatif, en moins cher, mais je n’ai jamais essayé cette astuce que je tiens de Michèle, une artiste peintre. Si vous utilisez des feutres, le fixatif est bien sûr inutile.

 En résumé

Mon matériel se compose de :

  • Carnets de croquis à spirale A4 et A6 (papier à dessin épais) ;
  • Papier à dessin 125g/m2 Clairefontaine (feuillets mobiles) ;
  • un stylo à plume calligraphique Pilot Plumix ;
  • un stylo effaçable Pilot Frixion pour la prise de note rapide ;
  • une pochette de crayons gras Ferby de Lyra ;
  • un pinceau calligraphique Pocket Brush de Pentel noir fin pour les dessins ;
  • une pochette de crayons de couleurs gras, à grosse mine pour colorier mes cartes ;
  • un feutre-pinceau gris très clair pour le plaisir des yeux.
  • un fixatif en aérosol pour rendre la carte insensible aux frottements.

 Et s’il ne fallait retenir que deux choses...

Libre à vous de vous inspirer de cette liste, mais retenez surtout ceci :

  • il n’existe pas d’outils meilleurs que d’autres dans l’absolu. Il y a ceux avec lesquels vous aurez plaisir à travailler et les autres. Pour les choisir, vous devez faire vos propres essais, sachant que tous les matériels présentés ici sont en principe disponibles (sauf mention contraire) au rayon art graphique de n’importe quelle papeterie ou boutique spécialisée comme Rougier & Plé ;
  • plus vous aurez d’outils différents, plus vous pourrez « varier les plaisirs » dans vos réflexions et obtenir un rendu de vos cartes différent.

J’oubliais un dernier point de détail : je range mon matériel dans … ma bonne vieille trousse scolaire en cuir que j’ai ressortie du grenier. ;-)

Portfolio


[1Je dois cette idée à Jean-François, un autre passionné des cartes heuristiques.

[2La plupart des réunions durant lesquelles je prends des notes tiennent sur une seule feuille lorsqu’elles durent moins de deux heures.

[3Il est possible de prendre des notes d’une conférence sur une simple feuille A4, mais cela nécessite de l’entraînement d’une part, et d’autre part, si vous arrivez à proximité du bord, vous aurez tendance à ne plus rien noter.

[4Il suffit juste de modifier l’orientation de la plume avec la serrant dans un mouchoir en papier pour ne pas se tacher les doigts.

[5Pourquoi le noir ? Je n’ai pas le temps de changer de feutre pendant mes prises de notes en temps réel et c’est la seule couleur pour moi qui fasse bon ménage avec toutes les autres une fois la carte coloriée.

[6Son encre s’efface sous l’effet de la chaleur dégagée par la friction de la « gomme » fixée à l’extrémité du stylo, sans que le papier soit endommagé. Il est donc possible de répéter plusieurs ce cycle d’effacement au même endroit.

[7J’en ai déniché au Bon Marché à Paris, rayon Art graphique au sous-sol du premier magasin, grâce à Françoise qui me les ai fait découvrir lors d’une formation aux cartes heuristiques que j’animais.

[8Fantasia Ltd, Beds, LU7 4SQ, England

[9La boutique en ligne Schleiper vend même ces crayons à l’unité.