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Comprendre le Concept Mapping

samedi 21 juin 2003, par Denis Rebaud , Jean-Luc Deladrière

De nombreux auteurs, sites et logiciels confondent allègrement Concept Mapping et Mind Mapping, ce qui aggrave et entretient ainsi une confusion préjudiciable entre ces deux représentations visuelles pourtant différentes.

 Définition

Un concept est une représentation générale et abstraite de la réalité d’un objet, d’une situation ou d’un phénomène (cf. Wikipédia).

Une carte conceptuelle, de l’anglais Concept Map (également appelée arbre des concepts, etc.) est une représentation graphique dans laquelle les concepts sont liés entre eux pour former un réseau.

Exemple de carte conceptuelle

Cette carte conceptuelle est donc constituée :

  • de formes géométriques (rectangles, ovales, etc.) constituant des nœuds (ou cellules) contenant chacun un concept exprimé sous forme de mots ;
  • de liens entre ces concepts ainsi représentés géométriquement, pour exprimer des propositions sous la forme <sujet> <verbe> <complément>. Par exemple, dans la carte ci-dessus : un auteur rédige des articles.

Une telle représentation permet de visualiser la globalité des interactions pour comprendre le fonctionnement de l’ensemble qui constitue la carte conceptuelle.

 Intérêts

Les cartes conceptuelles sont utilisées lorsque les idées à véhiculer sont complexes et/ou notre langage parlé et écrit atteint ses limites descriptives.

Pour faire simple, bien que ce soit très réducteur, la carte conceptuelle sert à modéliser, alors que la carte heuristique sert à favoriser le rappel des souvenirs.

 Utilisations

  • Générer et organiser des idées ;
  • Formaliser et communiquer une structure complexe ;
  • Résoudre des problèmes.

 Comparaison avec les cartes heuristiques

Si les cartes conceptuelles et les cartes heuristiques sont toutes deux des représentations visuelles servant de modèle ou d’abstraction de situations réelles, il existe cependant de nombreuses différences au niveau de leur forme, leur fonctionnement, leur élaboration et leur usage.

Au niveau de la forme

  • les cartes heuristiques sont essentiellement des diagrammes arborescents, mais pas forcément hiérarchiques comme le sont les dendrogrammes ;
  • les cartes conceptuelles représentent l’organisation de données plus complexes liées en réseaux, sans forcément disposer d’un seul centre.
  • la lecture d’une carte heuristique part du centre et s’étend dans toutes les directions tandis que les informations d’une carte conceptuelle sont organisées pour être lues verticalement, du concept le plus général en haut vers le plus détaillé en bas [1].
  • dans les cartes heuristiques, on part d’un seul concept, placé au centre de la carte (sous forme de mot-clé ou d’images) et les idées sont catégorisées (mais pas forcément) alors que dans les cartes conceptuelles, plusieurs idées de même importance peuvent se côtoyer.

Au niveau du fonctionnement

La différence entre les deux représentations n’est pas tant la disposition spatiale des informations, mais la façon dont elles favorisent ou non les mécanismes naturels du cerveau (cf. l’introduction aux cartes heuristiques pour comprendre leur fonctionnement).

Il est en effet plus difficile de mémoriser le contenu d’une carte conceptuelle que celui d’une carte heuristique. C’est très facile à démontrer, mais il faut venir à nos formations. :-)

Au niveau de l’élaboration

L’élaboration d’une carte conceptuelle se déroule grossièrement en trois temps :

  1. saisir en vrac les concepts concernés par la carte, au moins les plus importants ;
  2. regrouper grossièrement les concepts suivant leur proximité sémantique ;
  3. construire des propositions en reliant les concepts par des verbes.

L’élaboration d’une carte heuristique se fait au fur et à mesure que viennent les idées (du moins lors d’une prise de notes) : elle démarre par le sujet central et les branches supportant les mots-clés sont dessinées sans se soucier d’une quelconque signification (lien hiérarchique ou autre). L’ajout des mots-clés se fait au fur et à mesure des réflexions ou de la capture des idées.

Une fois la carte terminée, sa vision globale va peut-être inspirer de nouvelles idées, une nouvelle disposition des branches, de sorte que le résultat final est un simple brouillon destiné à produire une prochaine carte plus aboutie.

Au niveau de l’usage

Bien que ce soit réducteur, nous pouvons dire que :

  • les cartes conceptuelles formalisent un savoir et sont facilement transmissibles, car explicites par nature,
  • les cartes heuristiques facilitent la réflexion et la mémorisation d’un savoir et sont difficilement transmissibles seules, car incompréhensibles sans les souvenirs auxquels renvoient leurs mots-clés.

Ces deux méthodes ne sont en aucun cas opposables, mais complémentaires : il est plus facile de débuter par une carte heuristique, plus souple pour recenser et clarifier les idées, pour ensuite construire une carte conceptuelle, plus formelle. En d’autres termes, la carte heuristique sert de brouillon et la carte conceptuelle de mise au propre.

 Paternité

Les cartes conceptuelles ont été développées par le Docteur Josef D. Novak, de l’Institute for Human and Machine Cognition). Vous trouverez sur le site de ce centre de recherches de nombreuses information sur les cartes conceptuelles, notamment des contributions de Josef D. Novak ainsi que le logiciel CmapTools présenté ci-dessous.

Les règles de construction des cartes heuristiques ont été formalisées par Tony Buzan dans les années 1970.

 Logiciels

De nombreux programmes permettent de dessiner des cartes conceptuelles ; notamment : Axon et ConceptDraw.

CmapTools est entièrement conçu pour construire des cartes conceptuelles et les partager en réseau. Il tourne sur toutes les plates-formes qui supportent Java.

VUE est un autre logiciel libre très complet qui dépasse la simple représentation des informations pour proposer des fonctions de présentation et de partage de celles. La carte conceptuelle illustrant cet article a été réalisée avec ce logiciel.